CORDULIE A CORPS FIN
Oxygastra curtisii (Dale, 1834)

Cordulie à corps fin
Ordre : Odonata
Famille : Corduliidae
Genre : Oxygastra
Espèce : curtisii
(Dale,1834)

Oxygastra curtisii
PROTECTION ET DIRECTIVES HABITAT
Directive "habitats" - Annexes : II et IV
Liste rouge mondiale - cotation UICN : Quasi-menacée
Liste rouge nationale - cotation SFO : Vulnérable
Protection nationale : Arrêté du 23 avril 2007
NOR: DEVN0752762A
Version consolidée au 13 juin 2018
Espèce protégée mondialement.
Oxygastra curtisii n'est présente qu'en Europe de l'ouest, notamment en France, en Espagne et au Maroc essentiellement.
Unique espèce du genre Oxygastra, cette libellule est facilement identifiable à son habitus quand on a la chance de la croiser.
L'abdomen est fin et sombre aux marques médio-dorsales bien jaune en forme de plume, les yeux des adultes sont vert métallique, tandis que les immatures portent des yeux prune et toujours des ailes ambrées, prononcé sur les costales, ainsi que toute Corduliidae.
Oxygastra curtisii est une espèce que j'ai observé toujours ou presque en position pendulaire, posée " à la verticale" comme pour être reconnue ou pour exhiber ses motifs médiodorsaux, d'un très beau jaune sur fond vert métallique presque noir.
Quand Oxygastra pendue par les pattes à une tige se laisse approcher, à courte distance ,
la nervation particulière des ailes et ses membranules blanches impressionnent, par le contraste des couleurs et la finesse des nervures. L'approche est aisée chez les ténéraux ou immatures mais les adultes "patrouillent " sans cesse.
Toujours en vol !
Chez le mâle, on peut observer la dilatation des segments abdominaux sur S7, S8 et S9 ainsi que des cercoïdes légèrement divergents, sans oublier les appendices anaux pourvus d'une crête jaune blanchâtre caractéristique.
Ce qui frappe l'observateur quand Oxygastra est en léger contre-jour est la pilosité assez importante sur les côtés du thorax , à l'arrière des yeux, sur la tête et jusque sur les trois derniers segments de l'abdomen, se répartissant sur les cercoïdes.
L'habitat en Eure et Loir d'Oxygastra curtisii est selon les observations que j'ai pu collecter, près des rivières au courant lent, toujours arborées sur les bras à bonne profondeur, je ne l'ai jamais croisée sur les cours peu profonds. L'arbre providence d'Oxygastra est l'Aulne et son système racinaire, l'abri des larves.
Oxygastra est thermophile, se plait apparemment plus au soleil aux heures chaudes de la journée.
2018 est déjà en ce début juin ,une grande année dans mon secteur d'observation, une demi-douzaine d'individus observés presque simultanément.
En quelques jours , les émergences aidant, une petite colonie très localisée a vu le jour !
2019 fût une année encore plus riche en nombre d'individus observés ensemble. Les "nurseries" comptaient plus de jeunes. Chez les adultes, le nombre de mâles était supérieur à l'effectif des femelles.
2020 fût une année particulière, cependant Oxygastra curtisii a continué sa progression , m'offrant même une singularité lors d'un accouplement de "jeunes" individus. (Photos)
2021 est une année en net recul pour l'observation des imagos, cependant, les exuvies ont été nombreuses .
Les Cordulies à corps fin immatures
Oxygastra curtisii
La recherche de l'espèce pourrait commencer par les plus jeunes, on sait que pour suivre les sujets émergeant , il ne suffit pas de se lever de bonne heure, mais au contraire d'y consacrer plusieurs nuits de veille.
Les femelles ténérales ou immatures se repèrent facilement à leur habitus :
L'abdomen sombre , plus noir que vert métallique, avec sa ligne de "plumes" jaunes médiodorsales, ne laisse aucun doute.
Les ailes fumées typiques des femelles corduliidae confirment, s'il en fallait, que l'on se trouve en présence de la plus belle des libellules.
Une particularité de cette espèce est au niveau des yeux.
Les jeunes ont les yeux prune, tandis que les yeux des adultes prennent une couleur fascinante vert métallique, l'observation est quasi hypnotique. L'œil fait, repère le détail des nervations particulières des ailes, s'arrête sur l'abdomen au jeu subtil de marques jaunes mais le retour aux yeux est constant.
20 minutes passées à détailler l'anatomie d'un jeune mâle :
L'abdomen présente une courbe légère et s'épaissit sur S7, S8 et S9 : sur S8 au plus fort, tandis que S10 est surmonté d'une crête jaune à blanchâtre particulière à l'espèce. (crête jaune de profil)
Les 3 derniers segments portent des marques blanches sur la partie inférieure.
Les cercoïdes sont légèrement divergents et les cerques sont très forts.
Bien sûr sous S2, comme pour tous les jeunes imagos, l'appareil reproducteur est très bien développé, on aperçoit assez facilement le crochet de l'hameçon noir profond sur le fond blanc pur des membranules.
La température ambiante est importante pour Oxygastra curtisii, les ténéraux aiment la chaleur du printemps, 20 à 30°C à chacune de mes observations, avec un soleil non voilé et sans risque de pluie imminente.
Les Cordulies à corps fin adultes
Oxygastra curtisii
Les adultes sont difficilement repérables.
Une fois leur période de maturation achevée, les adultes comme toutes les libellules ne recherchent qu'à se nourrir et à s'accoupler.
Les perchoirs sont moins faciles d'accès, plus diversifiés, tiges de graminées entourées de buissons denses, rameaux de saules ou d'aulnes ou tout autre poste, loin et haut.
A cela s'ajoute la vitesse de vol, sans oublier l'art de la chasse qui consiste à parcourir les tronçons de territoire plutôt ombragé contrairement aux juvéniles, sans cesse à la recherche de proies.
Infatigable Oxygastra. Elle ne se pose qu'après une tentative fructueuse, mais toujours assez loin et assez haut pour ne pas être dérangée pendant son repas.
Bien sûr les observations se font à distance mais on regrette vite l'insouciance des premiers temps de cette magnifique cordulie.
Une particularité rarement observée : Le 25 mai 2020 , j'ai suivi de près un accouplement de jeunes Oxygastra curtisii.
Photos à découvrir !
Les larves.
Cycle estimé de 2 à 3 ans. Taille : 18 à 22 mm.
Les larves d'Oxygastra curtisii se tiennent bien à l'abri des racines des aulnes, parfois des saules aussi. Elles y trouvent le vivre et le couvert.
Quand le développement des larves arrive à son point ultime, le stade de la mue imaginale, seuls les naturalistes les plus avertis auront la chance de la suivre. l'émergence est toujours nocturne, près de leur lieu de vie larvaire, autant dire que le reportage photo ou vidéo n'est pas des plus aisé, la prise de notes non plus.
Les nuits les plus froides, en dessous de 8°C, la larve renonce, l'émergence est non divisée.(divided emergence Corbet 2004). Quatre à cinq heures sont nécessaires avant l'envol inaugural, l'obscurité permet d'échapper à la prédation des oiseaux entre autres.
Les exuvies.
L'exuvie très petite ne dépasse pas 25 mm, le dessus de la tête ne porte pas d'excroissance. L'abdomen est dépourvu d'épines médio-dorsales remplacées par des touffes de soies raides au bord postérieur des segments. Un sillon médian longitudinal sépare le masque en cuiller en partie ventrale. Des épines latérales aux segments 8 et 9 (voir photos).

Oxygastra curtisii in copula Eure et Loir

Oxygastra curtisii Eure et Loir

Oxygastra curtisii Eure et Loir

Oxygastra curtisii in copula Eure et Loir